Institut universitaire des sciences de l’homme

17ème colloque international

Gouvernance, risques et crises

ARGUMENTAIRE

L’Humanité est entrée, depuis les années 80, dans un temps de risques et de crises qui se sont  aggravés et amplifiés, provoquant des ondes de choc, des angoisses collectives, des peurs, des traumatismes et des tragédies. Dans ce contexte,  l’Humanité s’est trouvée, et se trouve encore, face à la nécessité de gérer et de maintenir les équilibres fondamentaux tout en cherchant les voies et les moyens pour réduire les dégâts des risques et maitriser les effets, souvent désastreux, des crises, comme celles que nous connaissons aujourd’hui.

Il va sans dire que l’analyse des risques et des crises, dans leur diversité et leur complexité, exige un regard pluridisciplinaire pour mieux décortiquer les contextes de leur émergence, les impacts qui en découlent et les réponses à leur apporter. Les exigences en matière de protection et de sécurité face aux effets des risques et des crises sont croissantes. Le réflexe des citoyens est de se retourner vers l’Etat pour obtenir les garanties maximales de prévention contre les risques. Ceux-ci réclament davantage de régulation à un moment où, paradoxalement, l’on prône partout la diminution du rôle de l’Etat  et où son action est de plus en plus sollicitée et ses compétences accrues face aux risques et aux crises qui provoquent de ce fait une urgence d’action et de décision en vue de s’adapter, de réformer, d’innover et de sécuriser. Il est question de se préparer à l’imprévisible  en se dotant  des techniques des plus efficaces de gestion des risques et des crises, et en prospectant  toutes les voies possibles pour renforcer les capacités de résilience et d’adaptation des organisations publiques et privées.

C’est dans cette perspective que la question de la gouvernance des risques et des crises prend toute son acuité et sa gravité. Car les interconnexions complexes entre les différentes parties du monde entraînent des délais de réaction plus courts qu’avant  mais a contrario des décisions nécessairement multipartites, donc plus longues à élaborer et à mettre en place. Il faut dépasser le niveau local et immédiat puisque le risque sort définitivement des cadrages classiques en termes de distance et de temps. C’est tout un travail de coopération, de collaboration et de concertation qu’il va falloir organiser à l’échelle mondiale en vue de la fécondation d’une « bonne gouvernance mondiale ».

S’agissant des risques, comment faire la part de ce qui nous échappe (tremblements de terre, éruption volcaniques, tempêtes, inondations,  etc.) et de ce qui peut être imputé à des politiques ou absences de politiques d’urbanisation, d’industrialisation, d’aménagement du territoire, de stratégies économiques, de développement durable ?

S’agissant des crises, politiques comme celles qui secouent aujourd’hui toute une partie du monde, en l’occurrence le monde arabe, et dont les conséquences sont imprévisibles ; économique et financière ensuite, comme celles qui fragilisent certains pays de l’Europe et de l’Amérique ; crises   morale, sociale et culturelle enfin, qui mettent en péril les valeurs et la civilisation humaine. La question est de savoir quelles sont les réponses qu’il faut leur apporter et les réformes qu’il faut préparer. Comment la crise est gérée ici et là ? Comment accompagner le changement profond et parfois la rupture radicale  entamée ? Y a-t-il un mode d’emploi ? Quels sont les dynamiques et les enjeux de la réforme qui s’opèrent à l’horizon et comment réussir ? Que faut-il faire pour rassurer la population, éviter la faillite des systèmes économico-financiers ou carrément des transitions incertaines ?

Aussi, face à la crise économique et financière qui secoue les pays les plus riches de la planète (Union européenne, USA),  n’est-ce pas alors la fiabilité de la gouvernance, sa crédibilité comme celle des gouvernants qu’il faudrait mettre en cause ? Rappelons-nous l’idée de constituer un « ordre mondial » émise pendant les années 80 et que certains ont mis sur le devant de la scène. L’on sait où cela a conduit. Ne faudrait-il pas, dans ces conditions, repenser radicalement les modes de gouvernance et le choix de ceux qui sont habilités à les exercer ?

Ce sont ces questionnements et d’autres qui nous ont motivés dans la proposition de ce thème dans un contexte mondial et régional perturbé et fortement fragilisé. L’objectif étant de réfléchir ensemble sur les voies et les moyens pour que l’humanité retrouve les voies de la croissance, de la sécurité, de la paix, de la solidarité et du développement durable. De ce point de vue, les crises et les risques sont ne nature à générer des réflexions novatrices et des choix prometteurs pour l’avenir. Ils peuvent engendrer des effets salvateurs  et promouvoir des évolutions maitrisées pour un mieux-vivre collectif.

 Ce colloque, organisé grâce au soutien financier de la Fondation Hanns Seidel, et en collaboration avec d’autres partenaires nationaux et internationaux,  réunira des chercheurs , des experts et des universitaires venus des pays arabes, du Maghreb et d’Europe pour apporter une contribution au débat sur les crises et les risques qui perturbent l’agenda de tous les gouvernements du monde et imposent de nouveaux modes de gestion et de gouvernance pour réagir et répondre à l’urgence des demandes sociales et des revendications démocratiques.

Ali SEDJARI

Président du GRET

Titulaire de la Chaire UNESCO

des droits de l’homme

 sedjariali@yahoo.fr

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