Institut universitaire des sciences de l’homme

Appel à communication

Centre d’Etudes et de Recherche Internationale sur les Politiques Publiques

CERIPP

Rabat le 26 octobre 2023

Mesdames, Messieurs, chers amis ; 

Le Ceripp a le plaisir de vous annoncer la préparation de sa 5eme édition scientifique de 2024 en collaboration avec tout un ensemble de partenaires, en tête desquels figure la Fondation Hanns Seidel, le Ministère de l’urbanisme , du logement , des villes et de l’Aménagement du Territoire …et d’autres structures locales et régionales qui s’occupent de la question pour réfléchir sur l’état des lieux et l’importance que prend le territoire dans la dynamique des politiques publiques et de l’aménagement du territoire. Nous avons déjà par le passé, en 1997 plus précisément, discuté de cette question ayant donné lieu à un ouvrage collectif sous un titre évocateur, « La revanche des Territoires ». Cette revanche est plus prononcée aujourd’hui que hier, plus globale et plus significative, car la bataille du territoire est devenue en effet un enjeu majeur de nos sociétés contemporaines à l’image du numérique et de l’Intelligence artificielle, qui, toutes les deux imposent des ruptures et des reconversions décisives. Il ne s’agit pas d’un choix mais d’une exigence de changement et d’adaptation.

Chacun sait que nous vivons la fin d’un cycle, celui de l’Etat-Nation avec ses hauts et ses bas, et l’émergence d’un nouvel ordre territorial, fondé sur une nouvelle ère de relations entre les échelles différentes, loin d’être à l’abri des logiques politiques et des relations étroites entre la mondialisation et la territorialisation, que la doctrine américaine résume par le concept de «glocalisation» . Cette évolution témoigne d’une inversion de tendance politique et d’une prise de conscience réelle face à la nécessité d’organiser le pouvoir autrement. On s’achemine vers la constitution d’un « Etat territorial » s’opérant à travers la pénétration croissante d’enjeux complexes et interdépendants, qui s’interpellent les uns des autres. D’un territoire subordonné, assujetti, circonscrit, sans idées, sans légitimité, on passe à un territoire d’action, de compromis, de socialisation, de démocratie, d’innovation, d’expérimentation, de coaction, de coresponsabilité, de cohésion sociale et d’aménagement du territoire.

Ce sont ses points et d’autres que nous allons débattre dans cette édition qui aura lieu les 18-19 et 20 avril 2024 à Fès sous le thème :

Territorialisation des politiques publiques et aménagement du territoire.
Temps des ruptures. Temps des résiliences.

Nécessairement complexe, la problématique a besoin de regards croisés, plurisciplinaires pour saisir la diversité des situations et des contextes, les zones critiques de changement, les blocages et les dysfonctionnements, les différenciations sociales et politiques. Le but étant de prospecter les voies de l’avenir et de sortir du marasme dans lequel nous sombrons aujourd’hui.

Les pouvoirs publics doivent tenir acte de cette réalité : le territoire a subi au cours de ces dernières années des modifications substantielles sur sa fonctionnalité et son utilité pour renouveler le pacte démocratique et assurer une bonne gouvernance d’aménagement du territoire. Ces transformations politiques de la question du territoire ont déplacé en effet les axes de recherche, les lignes de débat et les sources d’inspiration scientifique.  Elle met en évidence l’importance de la relation entre « territoire », « territorialisation » et « aménagement ». Il s’agit de reconnaître plusieurs constats afin d’expliciter plusieurs dimensions, ensuite de situer le cœur de la problématique pour présenter enfin les enjeux et les défis à relever.

Par ailleurs, les bouleversements, qui affectent la notion de pouvoir en général et des territoires en particulier, ont conduit à interroger le pacte démocratique et social entre gouvernants et gouvernés et à repenser le modèle d’action publique du territoire pour lui permettre d’être un acteur stratégique de l’aménagement du territoire et du bien-être individuel et collectif des citoyens. 

Le pacte démocratique entre gouvernants et gouvernés exige de nouveaux référentiels de l’action publique et de nouvelles conditions d’exercice du pouvoir au niveau territorial. Aux principes de la démocratie représentative, fondée sur la consultation de l’ensemble des électeurs, se substitue une démocratie participative directe, de ceux qui sont déjà réellement impliqués dans le développement. Aussi, l’aménagement du territoire n’est pas une simple question spatiale mais se trouve être le point central de la gouvernance et de la citoyenneté contemporaine. Il doit être influencé par les caractéristiques et les besoins spécifiques de chaque territoire. La « territorialisation » des politiques publiques signifie que ces politiques doivent être adaptées à un territoire donné, car il est considéré comme un lieu de vie, de socialisation, d’expérimentation, de gouvernance, de compromis et de participation.

La « bataille du territoire » n’a pas la prétention de réduire la souveraineté de l’Etat ni son action mais de focaliser le rôle de l’Etat autour de trois fonctions essentielles : un rôle stratège, un rôle régulateur, un rôle d’aménageur. Elle se joue aussi par rapport à un aménagement rationnel du territoire qui serait en mesure de se constituer en territoire de projets mais tout en sachant agir sur la nature de ces projets, en distinguant deux catégories de projets d’aménagement : « les projets de terroirs » d’une part, et les « territoires de projets » d’autre part, tout en valorisant le respect et la concrétisation des droits humains. Cette vision est proche de « l’utilitarisme délibératif » de John Stuart Mill : ce que les gens pensent et ressentent de leur vie, ce qu’ils aspirent à être et devenir, ce qu’ils attendent et désirent.

Une nouvelle conscience mondiale est née pour défendre l’équité territoriale et la dignité des citoyens là où ils se trouvent.  Il s’agit en quelque sorte de mettre en place tous les mécanismes juridiques et normatifs permettant de « territorialiser la société », d’« humaniser la gouvernance territoriale ». D’où l’importance des structures territoriales opérationnelles, jouissant de l’autonomie administrative, politique et financière, qui pourraient mettre en œuvre cet aménagement de territoire de projets. De même, l’on ne doit pas oublier que l’aménagement du territoire renvoie à l’action d’aménager l’espace et donc la matière physique, comme il renvoie aussi à l’imaginaire et aux représentations, et pas seulement aux questions administratives, tatillonnes et lourdes. Les textes juridiques portant sur l’AT sont d’une littérature, parfois affligeante, alors qu’ils sont supposés embellir l’espace, le territoire. A ce niveau, il est très utile de regarder ce qui se passe ailleurs en matière d’AT pour s’inspirer des expériences réussies.

L’objectif de cette rencontre scientifique est d’aller au-delà de l’examen d’un thème, celui de l’Aménagement du Territoire, qui semble un bien éculé pour concentrer le débat sur quatre points précis qui formeront l’ossature de notre rencontre :

1-Territorialisation des espaces : il s’agira d’insister sur les disparités locales, sur les déséquilibres territoriaux, sur la ruralité et l’urbanité, sur le métropolisation et la technologie, sur la relation entre territoire et espace des pouvoirs ;

2- Territorialisation et rôles des pouvoirs d’actions démocratiques. Dans le territoire, il s’agit d’expliciter la question démocratique sur les droits de l’homme et la participation des citoyens, sur le rôle des acteurs, publics et privés, sur le rôle des partis et des élites, sur les blocages politiques et institutionnelles, sur les conditions de succès de la démocratie participative, sur les capacités politiques et scientifiques des élus, sur la nature des réformes institutionnelles à envisager.

3-Territorialisation de la question des moyens humains et financiers. Les logiques de territorialisation supposent de poser la question de l’assise humaine et financière susceptible de garantir à la territorialisation de l’autonomie non seulement nécessaire mais vitale pour la préservation du pacte démocratique.

4- Territorialisation des mutations économiques, sociales et technologiques en cours sur le territoire, mais aussi poser la question de savoir comment accompagner et favoriser les évolutions possibles.

Pour ce qui est de l’organisation matérielle du colloque, le CERIPP, Association scientifique aux moyens financiers limités, prend en charge les frais de nourriture et d’hébergement, 4 nuitées, du mercredi au dimanche ; une visite guidée de la médina de Fès est programmée pour le samedi après-midi.

En restant à votre disposition pour toute information et suggestion, l’équipe du CERIPP se joint à moi pour vous remercier d’avance de votre contribution et serait heureuse de vous accueillir et de vous écouter.

Dates à respecter :

31 janvier 2024 : Envoi du titre de la communication

15 mars 2024    : Envoi du résumé de la communication

Contact :
Ali SEDJARI, Président du CERIPP
asedjari152@gmail.com
GSM : 06 61 43 71 71

Amal MECHRERFI, Secrétaire général du CERIPP
ceripp.ma@gmail.com
GSM : 06 66 18 30 08

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